2ème vague : comment la mauvaise lecture des chiffres crée la panique

Image par Gerd Altmann de Pixabay

Au début de cette crise, on a mis de côté une variable statistique. La raison est probablement que sa prise en compte aurait compliqué l’interprétation des chiffres et donc la lisibilité par tous. Par ailleurs, le taux de positivité très bas qu’on enregistrait jusqu’à la rentrée, faisait que cette anomalie ne portait pas à conséquence. Mais depuis que ce taux s’envole, cela n’est plus pareil car une partie croissante des décès actuels est mal comptabilisée. Les chiffres s’éloignent de la réalité. Ce biais est tel qu’il pourrait remettre en question l’existence même de la seconde vague. Vérifions ça !

COMPTABILISATION

Les nombreuses maladies auxquelles nous sommes confrontés ont des origines diverses (cancer, microbes, parasites, pollution, empoisonnement… ). Par contre, les façons d’en mourir sont communes (insuffisance respiratoire, cardiaque, rénale, septicémie, choc cytokinique… ). En conséquence, lorsqu’un médecin est en présence de plusieurs causes possibles de décès, il ne peut en attribuer l’origine. Il doit donc choisir. Et ce choix ne supporte aucun doute car il n’y a aucune objectivité à tenter de découvrir une cause plus forte qu’une autre. C’est l’accumulation des causes qui conduit au décès.

Il ne vous a certainement pas échappé que depuis 8 mois, il y a une maladie phare. Une maladie dont il est acquis que les mesures hygiénistes actuellement en vigueur nous protègent. Et pour promouvoir ces mesures, rien de tel que la peur, rien de plus efficaces que des chiffres indiscutables. Il est donc extrêmement tentant de comptabiliser les hospitalisés porteurs du virus, comme hospitalisés à cause du virus. Ensuite, il est aussi tentant de compter ceux qui décèdent dans ces circonstances, comme décédés à cause du virus.

Bien sûr, on peut imaginer qu’une partie des décédés porteurs du virus n’avaient aucune autre maladie. Mais il faut tout de même garder à l’esprit qu’une grande majorité sont des cas de comorbidité. D’ailleurs, en France, depuis le début de la crise sanitaire, la comorbidité serait présente pour 66 % des victimes de ce virus. Les italiens parlait même de 98%, au mois d’avril. Dommage qu’on ne nous en dise pas plus aujourd’hui.

POSITIVITÉ

En parallèle de cette réflexion, il faut noter que depuis début août, le taux de positivité aux tests PCR grimpe, pour ne pas dire qu’il explose ! Je parle bien du nombre de gens testés qui ressortent positifs par rapport au total des gens qui passent le test. Je ne parle donc pas du nombre des cas positifs, même si celui-ci s’envole aussi. Début juillet, ce taux était de 1,3 %, puis 2,2 % mi-août et depuis la rentrée, il accélère pour atteindre ce 07 octobre 9,1 %.

En même temps, vu les moyens déployés et les encouragements à se faire dépister qui nous ont été formulés, c’est « open bar » sur les tests. Nombre de gens armés d’un peu de patience finissent par se rendre dans un centre de tests pour se faire racler la fosse nasale. Parce qu’ils ont un symptôme du rhume, plus qu’ils vont rendre visite à un proche à risque, parce qu’on leur a demandé de produire un test négatif pour voyager, pour travailler, parce qu’ils ont croisé un « cas » ou tout simple parce qu’ils sont inquiets, des français se font tester. Et je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, ça fait longtemps que je ne connais plus personne qui ne pense pas déjà avoir eu quelques symptômes du coronavirus. Par ailleurs, à ce jour, il a été pratiqué en France près de 12 millions de tests. Même si beaucoup de gens se sont soumis plusieurs fois au test, sur une population de 65 millions d’habitants, ça commence à donner une idée assez bonne de la progression du virus dans notre société. En conséquence, on peut affirmer sans trop de risque que le taux de positivité qui prévaut dans l’ensemble de la population française n’est pas éloigné de l’actuel taux de positivité de 9,1 % des tests PCR.

STATISTIQUES

Maintenant, les gens hospitalisés ne le sont pas tous pour le coronavirus et ceux qui décèdent ne meurent pas tous à cause de celui-ci. En France, 610 000 personnes meurent chaque année. Ainsi, indépendamment de la COVID-19, en 2020, environ 610 000 personnes vont décéder.

Les causes de mortalités dites « externes » représentent 6,5 % (accidents, homicides, suicides). Le reste, c’est à dire 93,5 %, est lié à une maladie (cancer, cardiovasculaire, infections, surdosage médicamenteux… ), soit 610 000 × 93,5 % = 570 000 décès. Cela représente 570 000 / 365 = 1 561 décès par jour liés à une maladie.

Comme on vient de le voir juste avant, le taux de positivité grimpe inexorablement dans la population. En conséquence, il grimpe aussi chez malades… Chez les hospitalisés… Et chez les morts. C’est inévitable.

Concernant les décès, on doit donc retrouver un lien avec la COVID-19 pour 9,1 % des 1 561 décès pour cause de maladie, soit 1 561 × 9,1 % = 142. En raisonnant ainsi, il décède quotidiennement 142 personnes malades d’autre chose que la COVID-19 et en même temps porteuses du virus. C’est inéluctable.

Quand cet été le taux de positivité n’était pas à 9,1%, mais 1% à 2%, ce biais dans notre raisonnement n’avait pas autant d’importance. 1561 × 2% = 30 décès. Ne produisant pas de remontée des décès liés au virus, il passait inaperçu et surtout il n’entraînait pas la peur et les décisions sanitaires prises, actuellement.

ÉVIDENCES

Depuis toujours, être mort en étant porteur d’un virus particulier n’implique pas forcément être mort à cause de ce virus, même si celui-ci fait des morts par ailleurs. Santé Publique France ne dit pas le contraire dans son « Point épidémiologique hebdomadaire ». Notre agence nationale de santé publique qualifie les décédés du virus de « décès liés à la COVID-19 ». Elle ne dit pas que ces gens sont morts « à cause de la COVID-19 ». Et ce n’est pas une nuance.

Je sais que vous êtes en train de vous dire que le virus a participé à mettre fin à leurs jours. Et vous avez raison. Cependant, ce n’est pas le sujet, parce qu’on apprécie la situation actuelle au travers de statistiques et non de cas particuliers. Virus ou pas virus, ces 142 personnes malades avaient vocation à mourir. Et le fait qu’elles fassent partie des cas de comorbidité n’a aucune influence sur la question. On utilise des morts de toujours pour grossir le nombre de morts induit par le coronavirus. On fait passer une partie des décès statistiques pour des décès inhabituels. On ressuscite les morts pour les faire mourir à nouveau d’une autre cause. Même s’il y a des fluctuations, le rythme des décès ne s’arrête jamais. Des gens meurent en permanence pour diverses raisons extérieures à la COVID-19. Ce n’est pas parce que le virus réalise son œuvre morbide qu’il y a moins de décès pour cause d’autres maladies.

Si on regarde ça avec un peu de recul, on est dans une situation où le taux de positivité influe directement sur le nombre d’hospitalisés et de décès. Une telle relation est illogique, car le taux de positivité n’a aucun rapport avec malades avec le nombre de décès, ni même le nombre d’hospitalisés. Avec le raisonnement actuel, on s’interdit la possibilité que le virus soit présent parmi nous, sans faire de victimes. Ainsi, l’immunité collective serait mathématiquement impossible. On ne pourrait s’en sortir qu’en éradiquant le virus de nos organismes, mais jamais en devenant résistant à celui-ci. Pourtant, la seconde option me semble être le destin de toute pandémie. Que l’on devienne immunisé naturellement ou avec des vaccins, l’immunisation est ce qui se produit en amont. Ensuite, si on a un peu plus de chance qu’avec la grippe, le virus disparaît à jamais. Mais ce n’est pas gagné et surtout la disparition du virus ne sera que la conséquence de notre immunisation. Pas le contraire.

Si vous êtes encore sceptique, je vous propose de pousser l’absurde à son comble, avec un  taux de positivité atteignant 100%. De là, tous les décès de maladies diverses seraient des décès « coronavirus ». En dehors, des morts violentes, on ne décéderait plus que du virus. À ce jeu là, on est en train de vaincre toutes les maladies… Sauf la COVID-19, bien sûr.

RÉSERVES

Vous avez probablement remarqué qu’à présent, il meurt en moyenne chaque jour 70 personnes porteuses du virus. On n’est donc pas aux 142 personnes calculées précédemment. Plusieurs raisons expliquent cette différence.

D’abord, il y a le décalage entre le moment où elles rentrent à l’hôpital et le moment où elles décèdent. Si en moyenne, ces personnes passent 3 semaines en milieu hospitalier avant de quitter notre monde, c’est le taux de positivité aux tests de mi-septembre qu’il convient d’appliquer, soit 4 à 5 %. On observe d’ailleurs très bien ce décalage dans les statistiques. Les « cas » ont commencé à remonter fin juillet, tandis que les décès n’ont repris le chemin de la hausse que début septembre.

Il y a aussi probablement une petite partie des gens qui sont emportés par la maladie sans passer par la case hôpital et ainsi ne sont pas testés pour la COVID-19, tant qu’une autre cause de décès est évidente.

Même si j’en doute fortement, on peut aussi imaginer que quelques décès ne sont pas comptabilisés « coronavirus », quand une autre cause semble prévaloir aux yeux des médecins qui constatent le décès.

Enfin, j’ai écrit ci-dessus que le taux de positivité qui prévaut dans l’ensemble de la population française n’est pas éloigné de l’actuel taux de positivité de 9,1 % des tests PCR. J’admets donc une certaine divergence, vu que les gens présentant des symptômes ont plus de chance d’être porteur du virus et sont naturellement plus motivés pour se faire tester que les autres. Malgré ça, même si le taux de positivité des décédés n’était qu’à la moitié de celui de la population, ça expliquerait encore les 70 décès quotidiens. Et même si par hasard, il ne justifiait qu’une partie de ces décès, ce serait déjà trop, au regard des conséquences que l’on connaît aujourd’hui.

EN OUTRE

Sinon, le même raisonnement s’applique au nombre d’hospitalisations. Quelle que soit la raison de l’admission, les hôpitaux testent chaque patient entrant. Avec près d’une personne sur dix porteuse du virus, il est salutaire pour ne pas faire rentrer le loup dans la bergerie. Et même en imaginant qu’ils ne testeraient pas ceux qui rentrent pour le cancer ou le diabète, il reste encore une moitié des patients présents avec des symptômes communs avec ceux du coronavirus : cardio-vasculaires (26% des décès en France), obésité (10%), maladies infectieuses (5%) + bronchopneumopathie chronique obstructive (3%). Ne pas tester ces derniers est inconcevable. Et une fois le virus découvert chez toutes ces personnes, dans quel service pensez-vous qu’elles sont placées ? Et dans quelles statistiques rentrent-elles ? Et pour toutes celles qui auront été testées avant hospitalisation, comment se rendront-elles à l’hôpital ? Amenées par un proche ou en ambulance ?

A priori ce même raisonnement faussé est présent dans tous les pays. Et ceux qui ont vécu la vague pandémique au printemps dernier voient en ce moment leurs chiffres des décès remonter. Aux États-Unis aussi le nombre des « cas » remonte déjà et il faut s’attendre à ce que les chiffres des décès prennent très bientôt la même direction.

PERSPECTIVES

La crise sanitaire mène à la crise économique, qui entraîne la crise financière. Suivre les débats sur la crise sanitaire peut vous aider à évaluer le risque et la perception que les épargnants et investisseurs en ont. Si le problème que j’évoque ici venait sur le devant de la scène, il aurait un impact sur les marchés financiers, en premier lieu, les marchés européens. Avec les mesures sanitaires et l’anxiété qui règne chez nous, ceux-ci restent très à la traîne des indices américains.

Aujourd’hui, le fait de savoir si les tests PCR sont fiables est une question étrangère à ce problème et finalement secondaire. Le nombre de plus en plus grand de tests réalisés est aussi hors sujet, car c’est le ratio qu’on retient pour générer ce biais de raisonnement est indépendant. Le fait de comprendre pourquoi la mortalité du virus a chuté depuis début avril ne nous fera pas plus avancer. Il en va de même concernant la durée supposé de notre immunisation. Le sirènes d’ambulance que retentissent de plus en plus souvent ne sont pas plus un signe ; la saturation des unités COVID non plus. Une partie des patients qui y sont placés aurait de toute façon intégré une unité d’urgence. Ces débats étaient intéressants avant la rentrée, mais aujourd’hui le taux de positivité est tel qu’on fait face à un problème bien plus grave. Ce petit arrangement avec la réalité est de moins en moins négligeable.

Pour la suite, si le taux de positivité dans la population est bien important et que nos experts ne corrigent pas ce biais statistiques, les chiffres ne sont pas prêts de retomber. Même si le taux de positivité n’atteindra probablement jamais 100 %, celui-ci semble avoir encore de la marge de progression. À cela, il faudra rajouter le décalage entre l’entrée à l’hôpital et le décès qui va retarder le moment où le nombre des décès « liés » au COVID-19 va décroître. Enfin, il va falloir sortir du cercle vicieux dans lequel on s’est enfermé. En effet, plus on décomptera de morts en lien avec le virus, plus on accordera de crédit à nos tests PCR, moins on sera enclin à nous remettre en question, plus on continuera à compter des morts en lien avec le virus, etc… Et si on finit par manquer de morts, on pourrait même être tenté d’abaisser le seuil de détection des tests pour continuer à se faire peur. Comme le nombre de décès et nombre de « cas » sont corrélés par le biais actuel, ça passerait inaperçu.

SOLUTION

De prime abord, on pourrait penser qu’il suffit de demander aux médecins d’enregistrer la principale cause de décès. Le problème est qu’il est rarement possible de démêler l’impact que chaque facteur de mortalité dans un décès. C’est d’ailleurs, leur combinaison qui précipite le décès. Cette voie n’est donc pas une option. Il ne reste donc que les statistiques pour approcher la réalité de terrain.

L’autre possibilité serait de comparer le nombre de décès actuels avec le nombre des décès d’avant la crise. Cependant, comme on l’a vu, la COVID-19 ne produirait que 5% des décès habituels. Et les fluctuations dans les statistiques sont plus importantes que ça. Ce ne serait donc pas  très probant.

On pourrait aussi vérifier si les services des hôpitaux se vident au fur et à mesure que les Unités COVID se remplissent. C’est logiquement ce à quoi on doit s’attendre si mon raisonnement est juste. Cependant, là encore il y a des biais. D’abord les fluctuations que j’évoque juste avant. À cela se rajoute le fait que des hospitalisations sont reportées soit par le milieu hospitaliser, soit par les patients. D’ailleurs, on peut lire un peu partout que les hôpitaux constatent une baisse de fréquentation. La raison évoquée serait que les gens hésitent à se rendre à l’hôpital. Cela nous laisse penser que les gens peuvent reporter leur entrée à l’hôpital !? Suivant ce discours, on peut aussi imaginer qu’il y a des patients qui reportent tout simplement la rencontre avec leur médecin. Enfin, il y a aussi nos comportements actuels qui tendent à limiter les risques de manière général et plus particulièrement celui d’être contaminé par de quelconques microbes. En tout état de cause, nombre de gens se sont remis au sport, ont soigné leur alimentation et ont cherché à booster leur immunité. À l’opposé, le stress d’être contaminé, de contaminer les autres et de se retrouver au chômage est un facteur aggravant. Les cartes sont donc brouillées et toutes comparaisons avec la situation d’avant-crise me paraissent bien hasardeuses.

Finalement, la meilleure solution serait d’aller chercher le taux de positivité effectif, au moyen d’un sondage sur un échantillon représentatif de la population. Si le taux de positivité n’est pas négligeable, le biais est significatif. Et dans ce cas, ce serait une bonne nouvelle, car la situation serait moins grave qu’elle ne le parait actuellement.

Bien entendu, ce sondage serait encore plus délicat à réaliser que les classiques sondages d’opinions dont on a l’habitude. On ne peut pas se permettre d’avoir une portion importante des réponses « a refusé de se faire tester », comme on a des réponses « sans opinions ». Parce que dans ce cas là, le biais de sélection aurait trop d’influence. Le seule solution réaliste que j’imagine est de payer suffisamment au moins 1 000 personnes représentatives de notre société, pour qu’elles acceptent de passer le test. L’enjeu est tel qu’il ne faut pas lésiner sur les moyens. Dernier détail, il faudrait que ces tests parviennent dans les laboratoires sans faire mention du fait que ce sont ceux d’un sondage. L’application de tests identiques à ceux qui sont couramment réalisés est un préalable indispensable pour éliminer tous biais de confirmation d’hypothèse et éventuels biais d’indépendance. Je pense que le coût d’un tel sondage est dérisoire comparé aux conséquences actuelles. On ne peut pas se permettre l’économie de lever ce doute. Maintenant que nous avons connaissance de ce problème, faisons le savoir. Réclamons à nos dirigeants ce sondage et à partir de là, la juste utilisation des chiffres pour prendre leurs décisions.

Sinon, il reste une solution très simple. On appelle un chat un chat et on arrête de considérer que les chiffres des décès « en lien » avec la COVID-19 sont ceux des décès « à cause » de la COVID-19.

BÉMOL

Vous vous dites peut-être que le virus a avancé la dernière heure des patients décédés qui le portaient en eux. C’est probable. Vous avez donc encore raison. Il existe en moyenne un décalage entre le moment où les poteurs du virus décèdent et le moment où ils seraient décédés s’ils n’avaient pas été infectés. C’est aussi le cas des décès statistiquement inévitables. Si on choisit de ne pas les compter comme COVID, on mettra de côté l’idée que leurs vies ont été écourtées par le virus. C’est regrettable car c’est un signe de dangerosité du virus.

Néanmoins, cette idée n’est pas absente des statistiques. Quand il y a plus de morts, l’espérance de vie recule. Et quand le rythme des décès ralentit, l’espérance de vie augmente. Au bilan final, le total des décès va résumer l’idée que l’espérance de vie a reculer durant la crise. Néanmoins, si on regarde la situation à un moment donné, on ne verra pas les fluctuations du nombre des décès. Si on est en présence de décès, l’espérance de vie est forcément plus courte. Cette histoire de dernière heure avancée est donc un biais dans l’appréciation de la dangerosité du virus à chaque instant. Cela vaut donc pour la seconde vague que l’on vit actuellement. Cependant, ce biais là ne peut être que mineur comparé à celui de confondre les décès « en lien » avec la COVID et les décès « à cause » de la COVID. En effet, ces deux biais sont liés, mais le premier n’est qu’une conséquence marginale du second. Dans tous les cas, il est impossible d’évaluer les durées de vie perdues. ainsi. Cela va de zéro à quelques années. Chacun se fera son opinion sur la moyenne. Enfin, je l’écris à nouveau, une fois la pandémie terminée, l’espérance de vie sera revenu à la normale et le cumul des décès sera le bon marqueur pour juger des ravages du virus. Si les décès statistiquement inévitables rentrent dans ce cumul, l’ampleur de la pandémie aura été nettement sur-estimée.

SUÈDE

Depuis le premier jour, nos médias français critiquent les suédois pour leur gestion de la crise sanitaire. Dans un premier temps, pour l’absence de mesures contraignantes. Ensuite, parce que leurs voisins scandinaves ont comptabilisé nettement moins de décès qu’eux-mêmes. En même temps, vu de la France, c’est hôpital que se fout de la charité, car ils ont finalement un nombre de décès par habitant très comparable au nôtre et à celui des pays de l’Union Européene. Il y a tout de même une énorme différence avec les autres pays. Après une première vague comparable à la nôtre, depuis fin juillet, ils n’enregistrent en moyenne plus que 2 décès par jour. Et ce chiffre est d’une remarquable régularité. Le sujet ici n’est pas de débattre sur l’immunité collective, mais on peut concéder que depuis 3 mois, ça y ressemble fortement.

Le plus intéressant dans cette affaire est qu’ils connaissent aussi comme nous une seconde vague, dans les mêmes conditions : en utilisant les tests PCR et en testant dans les mêmes proportions que chez nous. Alors certes, à ce jour , cette vague ne monte qu’au quart de la nôtre. Le taux de positivité de leurs tests est aussi en ascension depuis la rentrée, mais il a un peu de retard sur le nôtre. Il était de 4%, entre le 21 et le 27 septembre. Avec chez eux, environ en moyenne 300 décès par jour toutes maladies confondues, on peut donc s’attendre à 12 décès « COVID » par jour. Et dans les fait, comme depuis des semaines, il n’y a eu qu’un à deux décès par jours, cette semaine là. Il n’y aurait donc étrangement aucun de lien entre la vague des « cas » et le nombre des décès. Je vous propose donc de choisir une des explications suivantes :

  1. mon raisonnement tenu depuis le début de cet article est faux ;
  2. les suédois exclus de leurs chiffres les décès statistiquement inévitables (tel que je propose de le faire) ;
  3. les médecins suédois font preuve d’une plus grande objectivité que les nôtres, au moment de déclarer la cause du décès ;
  4. les suédois embellissent leur bilan sanitaire… En trichant ?

À vos votes !
Ultime remarque : le même phénomène est clairement présent en Finlande et Norvège, ainsi que probablement au Danemark et en Islande.

Comme pour toutes les pandémies récentes, on sait que la grippe espagnol n'a sévi qu'une seule fois par ville, même si elle a mis 2 ans pour infecter toutes les régions du globe.
Image: courtesy of the National Museum of Health and Medicine — Pandemic Influenza: The Inside Story. Nicholls H, PLoS Biology Vol. 4/2/2006, e50 https://dx.doi.org/10.1371/journal.pbio.0040050, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1441889

8 réflexions sur “2ème vague : comment la mauvaise lecture des chiffres crée la panique”

    1. C’est moi qui vous remercie. Je suppose que vous avez compris 😉
      En effet, j’ai un peu ramer pour exposer ce raisonnement. C’est pour cela que j’insiste lourdement.
      Si vous avez des idées pour mieux le présenter, je suis tout ouïe.

  1. Je pense que l’hypothèse faite que le pourcentage de positivité aux tests PCR (+/10% dans votre article) peut être considéré comme le taux de positivité global de la population n’est pas trop réaliste. On sait en effet qu’une part non négligeable de la population est asymptomatique (on parle de plus de 50%), et que ces personnes n’ont à priori aucune raison de se faire tester. Néanmoins, je ne pense pas que cela change les conclusions, les asymptomatiques étant en général des personnes plutôt jeunes et en bonne santé.

    1. Je suis entièrement d’accord.
      Mais ça n’a pas d’impact sur mon développement ici.
      Que les tests PCR reflètent la réalité ou pas, n’a pas d’importance.
      Le problème, c’est le lien qui se crée entre le taux de positivité (donné par ces tests) et le nombre d’hospitalisés et de morts du covid-19. La seconde variable ne devrait pas dépendre de la première.

  2. Un moyen indirect de faire le tri entre les décès (par ou avec le COVID19) serait de regarder la surmortalité toutes causes confondues par rapport aux années précédentes. Cela devrait permettre de voir si oui ou non il y a une seconde vague.

    1. Vous avez raison d’évoquer cette solution. Après lecture de votre commentaire, je me suis permet de rajouter quelques lignes à la fin pour en parler. Merci beaucoup.

  3. Si je comprends votre raisonnement les autorités sanitaires européennes gonfleraient artificiellement le nombre des morts attribués à la Covid 19?
    Certes pour beaucoup il ne s’agit que d ‘avancer cette mort de quelques mois, est ce si grave? Direz vous?
    Pour moi le vrai problème est bien la saturation des structures de soin qui obligerait a choisir qui on traite et qui on abandonne à son triste sort.
    Aux USA où les soins ne sont pas garantis et où chacun s’assure en fonction de ses possibilités personne ne récrimine mais chez nous, les soins médicaux sont un droit et les personnes âgées et/ou porteuses de maladies (qu’elles on parfois elles mêmes favorisées alcool tabac..) y ont droit comme tout le monde. Devoir trier les malades serait un scandale.
    Tous les moyens sont bons pour éviter cette situation moralement et politiquement explosive.

    Quelques remarques sur les tests, en passant: le test PCR ne détecte que les personnes excrétrices du virus, pas le nombre de celles qui ont été contaminées. En effet, après une dizaine de jour le test PCR se négative alors que vous avez bien été contaminé. Pour le connaitre il faut faire des tests sérologiques qui restent positifs plusieurs semaines après la contamination. L’immunité collective ne serait diagnostiquée que grâce à eux et nous en sommes très loin, sans et probablement avec vaccin quand ils seront disponibles.
    On sait aussi très bien pourquoi la mortalité a baissé : les moyens médicaux mis en œuvre pour soigner les effets du virus (contre lequel nous sommes toujours désarmés) ont beaucoup progressé (corticoïdes, anticoagulants….)
    Je ne partage pas votre avis sur le fait que cette immunité soit la seule solution en effet les chinois qui sont à l’origine de la maladie démontrent qu’on peut l’éradiquer complètement avec des mesures sanitaires énergiques (et autoritaires).
    Pouvez vous préciser les retentissements macro économiques de votre constat initial qui reste probablement vrai ?
    C’est ce rôle que nous espérons vous voir jouer

    1. Bonjour Mr Leveillard,

      En écrivant cet article, je ne cherchais pas la polémique. D’ailleurs, la valeur des tests PCR ou la façon dont se transmet le virus sont sans conséquences sur le problème que j’évoque.
      Et je suis bien d’accord avec vous. Quand on a payé des impôts toute sa vie, on s’attend à avoir une place à l’hôpital, le jour où on en besoin.

      Il y a deux mois, je ne trouvais aucune lecture sur ce sujet qui venait de traverser mon esprit. Et c’est pour cela que j’ai eu envie d’attirer l’attention dessus. Je trouvais cela intéressant et je le trouve toujours, car sans cette correction, il est difficile de juger la dangerosité de la covid. Maintenant, si on veut mieux approcher l’ampleur de la pandémie, je pense qu’il suffit de mesurer la surmortalité. Et depuis 5 ans, il existe un site destiné à apprécier les épidémies, qui présente très bien cela :
      https://euromomo.eu/graphs-and-maps#excess-mortality
      (l’INSEE qui fournit les mêmes chiffres, le fait aussi, mais pas aussi clairement)
      On voit donc bien que l’Europe vient d’être traversée par une seconde vague, entre mi-octobre et fin novembre.

      Sinon, nous sommes certainement d’accord sur le fait que l’enjeu est l’immunité collective. Parce que c’est bien la potentialité de la pandémie qui est grave. Heureusement, les gens fragiles vont très bientôt bénéficier des vaccins et leur volonté de le recevoir être ne fait aucun doute. Pour le reste de la population, l’adhésion est une autre question. Cependant, dans le fond, ça ne me semble pas très important, car je crois tout à fait l’OMS, quand elle déclare que les vaccins ne nous débarrasseront pas du virus. Il trouvera probablement sa place aux côtés de celui de la grippe.
      – En conséquence, mon opinion sur l’économie et les marchés européens est très positive. La seule chose à surveiller à présent, ce sont les effets secondaires qui commencent à apparaître au Royaume-Uni. –

      Concernant l’immunité naturellement acquise, elle fera probablement toujours débat, car les vaccins vont rebattre les cartes, comme je l’écrivais le 8 juillet dernier. Je pense malgré tout qu’une immunité collective plus importante qu’envisagée jusque là est possible. Il existe un indice qui me semble important : https://www.lindependant.fr/2020/11/16/une-etude-demontre-que-le-coronavirus-circulait-en-italie-des-septembre-2019-9203623.php
      Sinon, même si les hôpitaux soignent mieux aujourd’hui qu’au printemps dernier, J’ai l’impression que l’avancée de l’immunité de groupe est un facteur qui peut aussi en partie expliquer les moindres conséquences de cette seconde vague.

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